Théâtre

Dans ce solo éruptif, Carole Thibaut s’attaque aux rapports entre genre et pouvoir avec une ironie mordante, prenant sa vie comme premier terrain d’expériences, depuis son enfance passée en Lorraine jusqu’à sa nomination à la direction du centre dramatique national de Montluçon. Ce faisant, elle ne travaille pas le récit intime comme un repli sur soi mais plutôt à travers une performance incandescente et percutante où se mêlent travestissements du corps, stand-up, théâtre, comme une tentative de plonger dans les rouages de la machine patriarcale, avec l’espoir de la faire dérailler, d’ouvrir une brèche pour raconter d’autres récits. Celui par exemple d’une chevalière partant à l’assaut du vieux royaume des pères, ce pays où les femmes sont éduquées pour rester sans défense et désarmées. Carole Thibaut traque ainsi la violence et le sexisme qu’elle a subi au fil des années et règle ses comptes avec un théâtre public reléguant trop souvent les metteuses en scène aux petites salles, aux petits spectacles, aux petites histoires. Devenue à son tour directrice d’une institution, comment s’approprier les codes du pouvoir, comment adopter son langage et ses gestes, sans chercher à détruire et à humilier ? Toute cette complexité, Carole Thibaut la donne à voir en se jetant toute entière dans la bataille, le corps puissant et vulnérable, monstrueux et indocile.
Victor Roussel.

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Texte, mise en scène et jeu : Carole Thibaut